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Demander avant d’aménager
publié le : 1 octobre 2025

Un site d’escalade ne se développe malheureusement pas en un claquement de doigts. Les étapes à suivre pour transformer une falaise et une forêt en un site d’escalade prêt à accueillir des grimpeurs et grimpeuses sont multiples. Qu’on se trouve en terre publique, privée, municipale, ouvrir un site d’escalade nécessite beaucoup de travail physique, mais aussi administratif.

Nous souhaitons, par cet article, présenter un exemple réel d’un site en terre publique qui n’a pas été ouvert dans les règles de l’art et qui, aujourd’hui, impacte la fédération, les acteurs locaux ainsi que plusieurs parties prenantes (propriétaires terrien·ne·s, organismes de conservation, etc.). Nous souhaitons en profiter pour sensibiliser, du grimpeur ou de la grimpeuse du dimanche, aux ouvreurs et ouvreuses chevronnées, à l’importance de respecter les étapes et les instances en place pour assurer la pérennité de chaque nouveau projet, même lorsqu’il s’agit d’un projet personnel de petite envergure. 

Tout d’abord, il est important de comprendre que depuis plus d’une décennie, le gouvernement a commencé à céder ses terres publiques à des administrateurs : municipalités, MRC et autres organismes, dont certains de conservation. Plusieurs ministères se sont unis : faune, flore, forêt et ressources naturelles pour s’assurer que les activités pratiquées sur ces terres ne nuisent pas à l’environnement. La mission de ces gestionnaires mandatés par le gouvernement est d’assurer que tous les potentiels utilisateurs et utilisatrices des terres publiques puissent cohabiter harmonieusement et pratiquer les activités. Toutefois, il existe deux cas de figure où une utilisation des terres n’est pas possible pour le grand public : soit lorsque la fréquentation du lieu pourrait mettre en péril une espèce provenant de la biodiversité, ou encore la sécurité des usagers et usagers (par exemple, s’il y a des activités de foresterie à proximité).

Pour utiliser une terre publique, il faut d’abord faire une demande d’utilisation du territoire, payer les droits et obtenir un droit autorisant à exploiter le terrain pour une période donnée. Oui, les terres publiques sont… publiques, mais cela ne signifie pas qu’on y a toujours accès sans contraintes et qu’on peut y aménager ce que l’on souhaite.

Dans les dernières années, la fédération a vécu une situation où certains acteurs ont commencé l’aménagement d’un site sur terre publique malgré que la FQME ait obtenu un refus à la suite de sa demande d’utilisation du territoire au ministère. La raison du refus : le terrain était en processus d’être cédé à un gestionnaire tiers, après quoi la pratique de l’escalade ne serait plus possible sur le site à cause de la présence d’espèces sensibles. Dès la cession du terrain, le démantèlement complet des infrastructures d’escalade afin de ramener ce site à son état naturel fut demandé à la fédération, puisqu’il est maintenant soumis à des mesures des protection par la présence d’espèces de biodiversité rares à protéger. Nous souhaitons donc utiliser cette situation pour sensibiliser à l’importance de demander les autorisations. En effet, puisque près de 45% de nos sites d’escalade fédérés sont sur des terres publiques ou ont des accès qui utilisent les terres publiques avec des ententes de droits d’utilisation des territoires, la FQME est donc souvent en relation avec le ministère des Ressources naturelles et des forêts. Vous comprendrez qu’afin de maintenir les sites du réseau actuel, la qualité de la relation avec cette instance est primordiale. La FQME s’est donc engagée à démanteler le site afin de maintenir de bonnes relations, mais cela ne vient pas sans mobilisation de ressources internes et financières.

Il est donc primordial de comprendre que lorsque des acteurs ou actrices indépendant·e·s pensent ouvrir un site, même sans désir de fédérer ce site d’escalade, cela peut entraîner des conséquences sur la communauté et les autres sites d’escalade qui, eux, sont réglementaires. Soyez des ambassadeurs et ambassadrices positives dans la communauté et assurez-vous que vos projets, même personnels, même à petite échelle, sont réglementaires avant de commencer à vous engager dans l’aménagement. Nous ne souhaitons plus revivre cette situation très frustrante, autant pour la communauté que pour la fédération, où nous sommes obligés de mobiliser nos énergies à déséquiper un site plutôt que l’inverse. 

Qu’on se trouve en terre publique ou privée, la demande de permis pour chaque étape du processus est nécessaire : utilisation du terrain, coupe d’arbres, installation de toilette, aménagement d’un stationnement, etc. Chaque nouvel ajout nécessite de valider avec le ou la propriétaire, gestionnaire, etc. car lorsqu’une personne propriétaire d’un terrain nous octroie le privilège de grimper ou passer chez elle, elle conserve le droit de regard sur son terrain et de mettre ses conditions.

Nous avons profité de cet incident pour faire une sensibilisation à l’interne avec nos équipes d’ouvreurs et ouvreuses et nos clubs régionaux. Même si aucun matériel de la FQME n’avait été fourni pour ce projet, nous avons profité de l’occasion pour revoir les protocoles d’attribution du matériel afin de nous assurer de la conformité des projets qu’ils desservent.

Les processus sont longs et nous comprenons qu’il peut être frustrant d’attendre après des procédures administratives, d’autant plus que nous avons l’impression que les terres publiques nous appartiennent et, donc, que les autorisations ne sont pas nécessaires. Néanmoins, cela fait 50 ans que la FQME existe et nos (presque!) 100 sites d’escalade ne se sont pas construits en quelques semaines. Soyez patients et patientes et pensez à la communauté présente et future que vous aidez en faisant les choses dans le bon ordre. Nous avons plusieurs exemples de refus d’utilisation du territoire à notre actif (que ce soit géré par une ZEC, la SEPAQ, un ou une propriétaire privé) parce que les demandes sont faites après que l’aménagement ait débuté. Bref, s’il y a une chose à retenir et qu’on vous demande, c’est de demander avant d’aménager.

Voici quelques ressources intéressantes à consulter pour mieux comprendre les usages des terres publiques et les orientations de celles-ci :

Et pour un exemple concret de ce qui peut arriver si des aménagements illégaux sont faits en terres publiques, nous vous invitons à lire cet article de Radio Canada.