Lorsqu’on se promène sur les forums de discussions sur le ski de montagne, une question revient plus que les autres sur l’équipement, et c’est celle sur les peaux d’ascension. De quel modèle a-t-on besoin ? À quelle largeur doit-on couper ses peaux ? Voici un article qui esquisse quelques pistes pour répondre à ces questions.
À la base…
Historiquement, les premiers skieurs (les inuits) utilisaient de véritables peaux de phoque pour mettre sous leurs skis. Les poils courts étaient naturellement orientés dans le même sens et permettaient d’avoir une excellente glisse tout en retenant bien dans le sens opposé.
Évidemment, les nouvelles peaux d’ascension ne sont plus faites en peaux de phoque, les techniques modernes ont amélioré le système, tout en s’inspirant des principes de base.
Deux matières sont généralement utilisées dans la fabrication des peaux d’ascension modernes : le nylon et le mohair .
Le nylon
Il s’agit d’une fibre synthétique issue de la pétrochimie. Il est un des polymères les plus répandus dans la fabrication de matériel de plein air, à cause de sa grande résistance à l’abrasion et à son taux de reprise d’humidité assez bas (ce qui en fait une matière assez résistante à l’eau). Son utilisation dans la fabrication de peaux d’ascension est logique si l’on considère qu’il y a énormément de frottement sur la neige et la glace, et qu’elles sont en contact avec de l’eau sous toutes ces formes !
Avantages : Résistance à l’abrasion Inconvénients : Poids
Résistance à l’eau Volumineuse
Durabilité Moins de glisse
Excellente retenue
Le mohair
Le mohair est une fibre naturelle animale, fabriquée à partir de la toison de la chèvre angora. Son utilisation est très répandue dans la fabrication des peaux d’ascension pour ses qualités de légèreté et de glisse. Le mohair est une fibre qui absorbe un peu plus l’humidité, mais avec un bon traitement déperlant, elle résiste bien. Les skieurs qui privilégient la rapidité, aimeront sa légèreté et sa glisse exceptionnelle. En température chaude, elles se gorgeront plus rapidement d’eau que celles en nylon, mais inévitablement, le nylon aussi se gorgera d’eau !
Avantages : Poids Inconvénients : Résistance à l’eau
Plus de glisse Durabilité
Compacte Prix
Autres types de peaux
Il existe sur le marché les peaux dites mixtes, un mélange entre le nylon et le mohair. Les avantages de chacune des matières sont réunis pour faire des peaux plus résistantes à l’abrasion, à l’eau, avec une bonne glisse et à un poids moindre. Le prix est plus élevé, mais moindre qu’une peau 100% mohair.
Il y a aussi des variantes de longueur de poils. En règle générale, plus les poils sont longs, plus la traction sera bonne. Plus les poils sont courts, plus la glisse sera performante.
D’autres types de peaux existent sur le marché. Outre les peaux dîtes « split » (avec une bande de tissu entre les deux bandes de peaux, pour diminuer la résistance et augmenter la glisse, nous retrouvons de nouveaux matériaux, tel que le caoutchouc. Les recherches pour essayer de supprimer la colle sur les peaux ne sont pas étrangères à l’utilisation de ce matériel. À la place de la colle, les fabricants utilisent un type de caoutchouc antidérapant sur la base du ski, et remplacent les poils par des « écailles » façonnées pour assurer la retenue. Cette technologie devrait être de plus en plus visible sur le marché dans les prochaines années.
La colle
Côté colle, les grandes compagnies sont assez avares en détails sur la composition de leurs adhérents. Chaque compagnie essaie de trouver l’équation parfaite entre une bonne adhérence à la base du ski (sans dépenser toute son énergie à tenter de la retirer du ski), sa durabilité et sa résistance aux températures froides.
Les crochets
Pour accrocher les peaux aux spatules des skis, nous retrouvons plusieurs types d’attaches. Des systèmes intégrés au ski (style Dynafit), aux crochets, en passant par la boucle de métal, chaque type est efficace et assez intuitif. Les skis ”twin tips” peuvent être un peu plus problématiques pour accrocher l’arrière, il faut donc envisager l’achat d’un adaptateur.
Quelle largeur de peaux acheter ?
Il y a deux façons de déterminer la largeur d’une peau.
1- Utilisez la largeur de votre spatule.
La largeur à la spatule est généralement l’endroit le plus large sur un ski. En utilisant cette mesure vous vous assurez que votre peau recouvrira l’entièreté de la base du ski. Cette technique vous assure une adhérence maximale.
2- Utilisez la largeur au patin (sous la fixation)
La largeur au patin est l’endroit le plus étroit sur le ski. En prenant cette mesure vous ne comblerez pas la superficie totale de la base du ski (au niveau de la spatule et du talon). Cette technique vous assure une glisse supérieure et un poids plus léger.
Quelle est la meilleure méthode ?
Si vous avez un ski très large avec des « rockers » (cambrure inversée), toute la partie sous le rocker ne touchera pratiquement pas à la neige. Il sera donc plutôt inutile de couvrir la base du ski au complet, ce qui augmenterait en plus le poids de votre équipement. Par contre, si vous avez un ski plus étroit, vous voulez optimiser au maximum l’accroche car vous avez moins de contact avec la neige qu’avec un ski large. Donc, vous allez couvrir la base au complet. Évidemment ce ne sont pas des règles absolues. Chaque personne à ses préférences.
Chose importante, que vous choisissiez l’une ou l’autre des deux façons de faire, il est primordial de dégager les carres des skis. Si vous laissez les peaux recouvrir les carres, vous ne pourrez plus les utiliser dans les moments fatidiques (plaque de glace, traverse, etc.). Laissez environ 5-6 mm de dégagement de chaque côté.
Nous ne retrouvons pas sur le marché des peaux bas de gamme, chaque modèle ou marque ayant ses particularités. Mais toutes sont d’excellente qualité, le choix varie selon vos besoins …
Nous pourrions continuer sur le sujet en discutant de la coupe des peaux, de l’entretien et du renouvèlement de colle, mais nous garderons ces sujets pour de prochaines capsules !
Bon ski !
Maxime Bolduc, directeur ski
photo Maxime Bolduc