Vous pensiez que les pistes de ski sont des clairières naturelles providentielles qui accueillent chaque année la neige sous forme d’un joli manteau lisse ?
Vous étiez persuadé que les parois de roche que vous grimpez sont elles aussi nues, prêtes à être équipées et grimpées ?
FAUX
C’est grâce à des bénévoles un peu partout au Québec que vous pouvez grimper et skier sur des terrains praticables et sécuritaires. Sans que vous le sachiez, les artisans de l’ombre défrichent, arrachent, coupent et aménagent des terrains entiers juste pour que la population puisse venir s’adonner à ses sports préférés. Ces corvées doivent également être faites en connaissance de l’environnement afin d’éviter les défrichages inconscients et hasardeux. Une corvée, c’est une réunion de motivés qui décident d’aménager un sentier d’accès, d’enlever la mousse de la paroi, de faire tomber les blocs instables voir dangereux, parmi de nombreuses autres tâches. La corvée se fait en général à plusieurs pour motiver la troupe et garder un certain degré de sécurité. Reportage au pays des lutins défricheurs avec deux exemples récents : la Paroi du Poisson Blanc et le Lac Long.
Paroi du Poisson Blanc
Durant une fin de semaine complète, et à la demande du Parc Régional du Poisson Blanc qui souhaitait encourager la pratique de l’escalade, la FQME a organisé une formation d’ouvreurs équipeurs. Le but pour la FQME : s’assurer que des grimpeurs expérimentés qui souhaitent ouvrir des voies et installer des protections fixes reçoivent une formation adéquate. Ces journées étaient également l’occasion d’aménager les parois, nettoyer ce qui devait l’être pour permettre une pratique sécuritaire de la discipline.
Cette paroi encore assez peu fréquentée par le grand public des grimpeurs, située au coeur du réservoir du Poisson Blanc, présente un cadre enchanteur propice au canot-camping et à l’escalade. Sur cette paroi, une équipe de 2 formateurs de la FQME et 5 apprentis ouvreurs ont enlevé les blocs instables ou qui menaçaient de s’écrouler, nettoyé la mousse gênante (le temps disponible n’a pas permis de tout enlever, une autre corvée est prévue au printemps 2017). Nous avons également procédé à la pose d’ancrages sécuritaires et enlevé ceux qui n’étaient pas conformes.
Lac Long (St Alban)
Arian Manchego est bien connu de la communauté de l’escalade au Québec. Grimpeur d’expérience arrivé en 1999 au Québec, il nettoie, aménage et équipe des voies avec d’autres motivés depuis lors. Et en grand… Oubliez la petite brosse pour enlever la magnésie des blocs extérieurs: on s’équipe de tronçonneuse, de pioches, on abat des arbres et on trace des sentiers pour accéder aux parois. Ce travail qui apparaît de l’ordre du gros oeuvre doit pourtant être fait tout en délicatesse, en essayant d’avoir un impact minimal sur la nature environnante. À cette corvée se sont joints Charles Roberge, Claude Gélinas, Marc-André Dussault, Nicolas Simard et Alexis Beaudet-Rot (FQME). Une tempête au printemps 2016 avait couché plusieurs arbres, relevé leurs racines, ce qui créait de l’érosion, des chutes de sables et menaçait de faire tomber des rochers. L’objectif de la corvée était de ramener les talus soulevés et remettre la végétation en place afin d’empêcher la roche et le sable de tomber. Arian fait partie de cette longue liste de bénévoles qui agissent dans l’ombre, reconnus par la communauté des grimpeurs pour leurs compétences et leur implication.
Ambiance de corvée
« C’est assez rigolo, d’un bout à l’autre. On covoiture et ça jase fort. Ensuite, on se chicane pour « qui porte plus de matos que l’autre » (qui a le sac à dos plus lourd). La joyeuse gang se rend sur place, on regarde le travail, ça semble toujours trop immense. On se met à l’oeuvre tranquillement, ça avance, on prend des breaks, on s’arrête pour dîner et on est surpris de nos progrès. Après dîner, on fait un gros push pour finir…. mais ce n’est jamais fini à 100%… Ce n’est pas grave car les sites d’escalade sont toujours une source de projets à l’infini! On ramasse nos trucs et on prend le départ, heureux de ce qu’on a accompli, en songeant au travail qu’il reste à faire. Les corvées sont une belle opportunité pour des retrouvailles, on revoit des gens qu’on a connus, mais croisés peu souvent. »
Organiser une corvée ne s’improvise pas et demande une connaissance englobante du terrain. Pour participer à des aménagements extérieurs avec des passionnés d’expérience, passer du bon temps et faire bénéficier toute la communauté d’espaces praticables et sécuritaires, tenez-vous au courant des corvées ayant lieu proche de chez vous via notre infolettre, notre page Facebook et les pages des différents clubs régionaux.
Auteur : Aurélie Suberchicot