Escalade, Manoeuvres, Santé, Sécurité

Début de saison : les précautions à prendre

Après un hiver long et avec les températures qui remontent doucement, la tentation est grande de se précipiter sur les parois de roche comme sur un énorme muffin après un jeûne. Fêter le retour de la saison de roche ne doit cependant ni vous faire oublier les règles de sécurité élémentaires ni les bases de l’éthique dehors.

Voici donc un petit récapitulatif de quelques règles à respecter pour éviter blessures, piqures ainsi que le regard noir des propriétaires et des autres grimpeurs.

1 – Éviter les blessures

Pour aller loin, il faut ménager sa monture. Le dicton est aussi valable en escalade ! Étonnamment, ce ne sont pas les chutes qui sont la principale source de blessure. La majorité des blessures (souvent bras et épaules) sont liées à la surutilisation (33% des blessures), un mouvement trop dur pour son niveau (27% des blessures) puis ensuite à une chute (10% des blessures). Pour grimper longtemps en évitant aux articulations d’être abîmées, pour profiter pleinement d’une saison sans subir de rupture de poulie ou des tendons, échauffez-vous ! La plupart des salles d’escalade affichent des conseils à ce niveau et les sites web spécialisés sont accessibles à tous (dédicace au blog DeWor qui a envoyé récemment à son groupe des fiches très utiles de ce côté).
Pour approfondir le sujet vous pourrez consulter le site www.kinescalade.com, notamment le mémoire de Julien Rémilleux, kinésithérapeute, sur la prévention des lésions de poulies des doigts longs ou le livre Pathologies de la main et des doigts, de François Moutet (chirurgien plastique, spécialiste de la main et grimpeur depuis 1970) et Sébastien Gnecchi (coach de niveau international et entraineur de l’équipe de France de paraclimbing). D’autres articles rédigés par Crux Chiropratique seront diffusés durant l’année.

 

2 – Porter un casque, examiner ses EPI, avoir une assurance…

… histoire d’éviter les dramatiques ”si j’avais su”. Nous rappelons que le port du casque est fortement encouragé par la FQME sur tous les sites du Québec. Nous vous encourageons également à attendre la fin du dégel pour aller grimper afin de préserver la qualité des sentiers que des bénévoles travaillent fort à entretenir.
Si vraiment vous n’arrivez plus à attendre, sortez votre casque ! Il protégera votre précieuse matière grise lors d’une chute au sol, bien évidement, mais aussi lors d’une chute de matériel de votre grimpeur ou des blocs de roche ou de glace qui pourraient se détacher de la paroi en début de saison (dangers du gel/dégel). Rappel d’un principe physique de base : les objets sont en constante accélération lors de leur chute : un mousqueton de 56g n’est pas lourd mais lorsqu’il chute de 15 m, il commence à faire des dégâts à son arrivée sur votre crâne non protégé. Imaginez les blocs de roche ou les ultimes plaques de glace glissant sur une dalle.
De plus, rappelez vous que les prises peuvent casser au printemps. Personne n’a mis la main dessus depuis la saison passée !

Si vous n’avez pas sorti  votre corde depuis votre dernière grimpe le 24 octobre, vérifiez les recommandations du fabriquant. Ces derniers conseillent un examen visuel à chaque utilisation et un examen approfondi une fois par année. Pour tous les conseils concernant les Équipement de protections Individuels (EPI), allez consulter notre article.

Enfin, rappelez vous que votre adhésion à la FQME vous offre une assurance accident-invalidité sur tous les sites reconnus par la FQME ainsi qu’une assurance responsabilité civile où que vous alliez dans le monde. Grimper avec une assurance c’est un souci en moins, alors prenez dès maintenant votre adhésion !

Et enfin : COM-MU-NI-QUEZ ! Avec votre partenaire, revoyez votre vocabulaire avant de partir sur la paroi, mettez en place une manière claire de communiquer en cas de vent ou de passage hors vue (tirage de corde ou walkie talkie par exemple). Des accidents, parfois dramatiques, ont lieu chaque année à cause d’une mauvaise compréhension entre le grimpeur et son assureur.

Lien vidéo : https://vimeo.com/210319644

 

3 – Éthique et bon sens

Vous les savez et les pratiquez :  les principes du Programme Sans Trace vous semblent d’une évidence absolue. Pourtant nous voyons toujours, voir même de plus en plus, de déchets sur les sites (tasses à café Starbucks, bonjour!), des sacs de déchets, des traces de magnésie non nettoyés sur les blocs, des grimpeurs arriver avec leur musique, des grimpeurs accéder à des sites pourtant protégés pour la reproduction des faucons, sans parler des propriétaires de sites qui nous font de gros yeux suite à la multiplication des déchets humains sur les sentiers. Et s’il y a des déchets  sur le site alors que votre comportement à vous est exemplaires ? Qu’à cela ne tienne : ramassez les déchets que vous trouverez, qu’ils vous appartiennent ou non.

Côté savoir-vivre (et oui, certains en manquent), nous vous encourageons à limiter les décibels lorsque vous parlez à vos partenaires, à éviter d’occuper tout un mur avec des cordes de moulinette et à centraliser vos affaires à un seul endroit.

L’accès aux sites n’est jamais un acquis et c’est en vous comportant comme des ambassadeurs modèles que nous garantissons la pratique de votre discipline préférée. Les amendes et contraintes sont actuellement très rares et les problèmes de mauvais comportement se soldent en général par l’interdiction pure et simple de l’accès, alors soyez exemplaires ! 

 

4 – Accès aux sites

Au Québec, tout territoire appartient à quelqu’un ou à quelque chose : Sepaq, propriétaire privé, ZEC (zone d’exploitation contrôlée), territoire municipal. Nous aimerions tous que l’accès soit gratuit, cependant les frais que supposent l’entretien de ces espaces et leur équipement aboutit en dernier lieu à des frais demandés aux usagers. En payant ces frais vous permettez non seulement aux personnes qui entretiennent les sites de continuer leur travail, mais vous leur envoyez aussi un signe de reconnaissance. De plus en prenant l’option ”Accès Montagne” de la FQME, vous investissez directement dans l’aménagement des sites légaux du Québec. La FQME a comme philosophie de soutenir les bénévoles en aménagements en leur fournissant le matériel. Ne pas oublier que ces bénévoles mettent énormément d’heures sur l’aménagement! Saviez-vous que 30$ – montant de l’option – équivaut à l’achat de deux ancrages? 

D’autres part, nous collaborons avec Québec Oiseau pour la protection des faucons pèlerins. En déclin depuis les années 70 à cause de pesticides organochlorés utilisés dans l’agriculture, l’espèce est désormais menacée par les activités de sport extérieur qui perturbent leur lieux de nidification (les falaises!). Certaines parois et sites font donc l’objet d’interdiction d’accès temporaires et nous demandons la collaboration de tous.

 

5 – Insectes et animaux sauvages

C’est connu, les mouches noires, moustiques et autres réjouissances débarquent vers la fin de mai et début juin jusqu’au début voir la mi-août. Si vous utilisez un produit à base de DEET, attention à vos EPI ! Les matières textiles (harnais et surtout corde!) font l’objet d’une érosion chimique au contact de ces produits. On y pense moins, mais le casque , lui aussi, s’abîme à leur contact. Évitez de manipuler votre matériel lorsque vos mains en ont été aspergées. Dans certaines régions, renseignez-vous sur la quantité d’insectes, vous aurez peut-être besoin de filets de protection et de vêtements à manche longues scellés (dédicace aux habitants d’Abitibi devenus experts en escalade extérieure superprotégée…). Pour ce qui concerne la maladie de Lyme et les tiques, direction le site de Santé Canada ou cet article de Gripped.

Quant aux animaux sauvages, prenez les précautions coté nourriture : fermez vos sacs de nourriture et suspendez-les si vous dormez à l’extérieur, prévoyez les boites à ours au besoin. Un sac à dos n’est pas un obstacle insurmontable pour les ratons laveurs et les écureuils affamés.

6 – Rendez-vous avec l’humilité : revoir ses manoeuvres… au sol.

Nous (l’équipe de la FQME) tombons parfois sur des grimpeurs peu expérimentés qui ne savent pas ou plus redescendre en rappel, restent bloqués en milieu de paroi, ne se rappellent plus de leurs nœuds de base voir oublient leur longe  (oui, oui….) Alors durant vos premières sorties, profitez-en pour revoir vos manœuvres : pose d’un relais sur deux ancrages ou sur un arbre, descente en rappel, assurage avec reverso, différents noeuds de base, mise en place d’une cordelette pour faire un noeud de Prusik, placement de protections en escalade traditionnelle, lecture d’un topo et nombre de dégaines à préparer, remontée sur corde et technique de dégagement de l’assureur au sol. Prenez le temps également de vous assurer que votre partenaire a les connaissances suffisantes pour redescendre seul une fois arrivé en haut de la voie. Une évidence pourtant utile à rappeler afin d’éviter des accidents.

Encore une fois, il vaut mieux prévenir que guérir !

Auteur : Aurélie Suberchicot

 

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